WILD TURKEY, Cuvée Lafayette, 12 ans, 101 proof
Première bouteille un peu particulière en effet puisque ce Kentucky Straight Bourbon Whiskey est issu d’un embouteillage de 1992 exclusivement réservé au marché français. Autres faits marquants, son âge (12 ans) et son degré (50.5%). A l’époque il était  rare de boire des Bourbons aussi vieux et la moyenne d’âge se situait plutôt aux alentours de 6-8 ans.
Wild Turkey s’est fait une réputation en embouteillant des whiskies à un degré plus élevé que ses concurrents, ce qui les rend plus équilibrés en évitant de tomber dans la facilité des notes vanillées, boisées et quelque peu écœurants des Jim and Jack.
Couleur : acajou avec des reflets rouges
Nez : Tout d’abord une violente odeur de vernis, d’acétate puis cela s’ouvre sur le bois précieux, les épices, le pruneau, la réglisse et en finale la vanille.
Bouche : Surprise et étonnement, voilà ce qui est ressorti en premier lieu. L’attaque est fraîche, vive, sur les tanins du bois. Un côté floral (fleur mauve), épicé et poivré, le pruneau macéré. Le degré plus élevé apporte un bel équilibre.
Finale : Doucement chaleureuse, équilibrée et assez longue pour faire durer le plaisir de toute la complexité des arômes décrits. Après quelques minutes des notes de chocolat et de boite à cigare viennent prolonger ce magnifique Bourbon distillé en 1980.
Je vous savais un peu réticents à l’idée de déguster un Bourbon mais au final le pari est réussi puisque tout le monde a semblé ravi de partager un moment avec ce dindon sauvage.

ARDBERG « BLASDA », Islay, 40%
  Ardberg se situe au sud de l’île d’Islay près des autres distilleries de Kildalton (Lagavulin et Laphroaig).
Le style des malts de Kildalton, du nom d’une croix celtique située à proximité de ces 3 distilleries, a toujours été plus organique que les autres de l’île ; en effet cette partie de la côte abrite quelques uns des plus impressionnants monstres tourbés qu’il m’ait été donné de déguster.
La date officielle de construction de Ardberg est 1815 (famille Mac Dougall) mais il est certain qu’elle est plus ancienne que cela car l’emplacement de la distillerie était au XVIII ème un excellent repaire pour les distillateurs clandestins.
En 1886, un tiers des habitants de la ville travaillait pour la distillerie et la production était de 300000 gallons U.S soit 1134000 litres. Malheureusement, Ardberg ferma de 1983 à 1989 mais ce n’est pas ceci le plus grave puisqu’elle passa ensuite de main en main jusqu’à aujourd’hui pour nous donner ses nouveaux embouteillages.
Non, le plus regrettable c’est qu’à partir de 1989 le malt utilisé par Ardberg est produit par la malterie de Port Ellen et ne possède plus ce caractère extrêmement fumé. Ce style particulier d’Ardberg était dû à l’absence de ventilateur dans le toit en forme de pagode situé au dessus du kiln.
Il semblerait que les nouveaux propriétaires aient renoués avec cette tradition chère à Ardberg, l’élaboration de produit très tourbé. La totalité de la production est destinée à la vente sous forme de single malt et le whisky d’Ardberg n’entre donc pas dans la composition de blend à l’exception peut-être du Black Bottle qui prétend contenir du whisky de chacune des 7 distilleries en activité d’Islay.
Couleur : Or pâle, vin blanc.
Nez : Frais, doux et chose curieuse les premiers arômes sentis sont la tourbe fumée, la suie et les cendres. Ensuite les agrumes, la pomme verte, les fleurs et une pointe iodée. Tous ceux qui s’attendaient à un Ardberg virtuellement non tourbé seront déçus.
Bouche : Une attaque fraîche, soyeuse, assez légère mais pas faible. Un peu de tourbe légèrement épicée et toujours ces notes d’agrumes et de pomme. Dommage pour les amateurs de sensations fortes que le milieu de bouche soit eu peu « mou ».
Finale : Courte à moyenne avec un retour de la tourbe, des effluves fruitées et océanes.
Bien que faiblement marqué pour un Islay, de surcroît un Ardberg, ce whisky est tourbé et il est très bon. Il a le mérite de faire découvrir l’île sous un jour plus « gentle » mais aurait mérité d’être embouteillé à 43 ou 46% afin de paraître un peu moins simple en bouche.