WHISKY CLUB RIQUET

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vendredi 30 avril 2010

Soirée Compass Box

Cette soirée restera, sans exagérer, une de nos plus belle réunion depuis le début du club.
A travers ce type de dégustation, nous avons pu cerner le travail d’une maison et même si les produits sont tous bien différents cela donne une idée du style que recherche le whisky-maker.

Asyla - blended scotch whisky - 40%
Ce whisky résulte de l'assemblage de trois single malts du Speyside (Linkwood, Glen Elgin et Cragganmore) et de deux whiskies de grain provenant de la distillerie Cambus (fermée en 1993) et Cameronbridge.
Couleur : jaune pâle à reflets verts.
Nez : frais et parfumé, il est marqué par l'onctuosité de la céréale (orge maltée) et par la fraîcheur des agrumes (orange). Il révèle, après aération, de fines notes herbacées (foin coupé).
Bouche : équilibrée et mentholée, elle évolue sur les fruits (melon), les fleurs (anis, menthe) et sur l'amande verte. Généreuse, elle se développe sur la poire, les fruits rouges et sur d'élégantes notes vanillées.
Finale : tendre et fraîche, elle révèle le caractère harmonieux de l'assemblage, conjuguant complexité et richesse d'expression.
Parfaite mise en bouche qui tire de son mode de vieillissement en fûts de chêne américain de premier remplissage, la quintessence de son bouquet.
A noter que si ce blend est aussi agréable c’est aussi parce qu’il est composé de 50% de whiskies de malt.

Oak Cross – vatted malt – 43%
Oak Cross illustre le style fruité, légèrement boisé et épicé des malts typiques des Highlands. Elaboré à partir de single malt sélectionnés au sein des distilleries des Highlands du nord, dont Teaninich, Oak Cross hérite des malts en provenance de Brora son caractère fruité et de ceux de Caron son poids et sa profondeur. Ces malts sont âgés de 10 à 12 ans.
Couleur : or vif à reflets verts.
Nez : fin, subtil. Ses notes de pomme verte et d'herbe fraîchement coupée évoluent sur la bouillie d'orge et l'anis étoilée. Il se développe sur les fruits secs (pomme) et la cannelle. Evoque le parfum vétiver.
Bouche : ronde, pleine, elle dévoile des notes d'agrumes (orange, clémentine), d'épices (poivre) et de fleurs (lys). Elle est rehaussée d'une pointe de sel et de noix verte.
Finale : longue, gourmande. La poire mûre côtoie les fruits rouges (cassis, cerise griotte). Elle évolue sur l'amande verte et les herbes aromatiques (thym, sarriette). La rétro-olfaction revient en force sur l'orge maltée.
Le malt reprend le pouvoir avec une dominance de fruit et toujours le même plaisir et cette fraîcheur qui vous invite à reprendre la dégustation.

The Spice Tree – vatted malt – 46%
Issu d’un premier élevage en fûts de chêne américain de premier et de second remplissage, The Spice Tree est vieilli une seconde fois dans des fûts montés de têtes fortement chauffées, construites à partir de chênes français des Vosges.
Couleur : or vif à reflets vieil or.
Nez : à la fois riche et profond. Tout en largeur, presque en rondeur, avec ses notes de céréales (malt vert) et de fruits mûrs (pomme, poire). Tout en profondeur avec sa succession d’épices (cannelle, muscade), de fruits secs (amande, abricot) et d’agrumes confits (pamplemousse, citron) enrobés de bois précieux et de cire d’abeille.
Bouche : équilibrée, enveloppante. Sa douceur fruitée (mirabelle, prune) est perceptible. Oubliée, la relative sècheresse du nez, tout au plus, l’amertume de l’orge maltée montre-t-elle le bout de son nez. De toute façon, mis à part la touche de vert qu’elle apporte, elle n’a aucune influence. La vanille et quelques fruits exotiques (ananas, mangue, goyave) accentuent son caractère onctueux.
Finale : longue, ferme. Les épices (le clou de girofle en plus) sont complètement fondues aux fines notes de chêne, de vanille et de noix fraîche.
Les 4 ans d’absences, suite à la polémique de la première version (utilisation de copeaux) n’auront en rien enlevé au caractère épicé de ce dram. Première surprise de la soirée, même si nous l’avions déjà goûté, car je n’ai pas le souvenir d’avoir jamais bu un whisky aussi épicé.

The Peat Monster – vatted malt – 46%
Ce Vatted malt non filtré à froid résulte de l'assemblage de quelques fûts des distilleries Ardmore (Speyside) le plus fumé des single malts du Speyside et Caol Ila (île d'Islay). Un monstre qui se prend pour un dragon.
Couleur : jaune paille à reflets verts.
Nez : vif et concentré. Le premier nez phénolique est également marqué par les agrumes et les fruits (poire). Il évolue sur la fumée. Le caractère marin (œufs de poisson) du Caol Ila devient de plus en plus présent. La dilution révèle des notes d'amande douce.
Bouche : puissante. Attaque franche sur le bâton de réglisse. Elle se développe sur l'âcreté de la tourbe et les épices (poivre).
Finale : longue et persistante sur des notes de cendre froide.
Qui a dit que les malts d’Islay ne pouvaient pas se marier avec d’autres ? Ce Peat Monster en est un bon exemple. Sans être aussi « monstrueux » que son nom le laisse entendre, il permet aux novices d’avoir une première approche accessible des whiskies d’Islay.

The Peat Monster Reserve – vatted malt – 48.9%
Pour le 5ème anniversaire de son malt le plus réputé, John Glaser, fondateur de Compass Box, a imaginé une version encore plus tourbée, plus fumée, plus riche et plus forte en degré.
Et pour ne pas faire dans la demi-mesure, The Peat Monster Reserve est exclusivement disponible en magnum de 150 cl. Comme toujours avec les créations de John Glaser, l’équilibre de ce nouveau Peat Monster frôle la perfection.
A l’instar des gens du sud, il sort vite de sa réserve et se révèle particulièrement volubile. Longtemps après, il évoque un champ d’orge ondulant sous le souffle d’une brise légère chargée d’embruns et de sel. Mais qui se cache donc derrière ce « monstre de tourbe » ?
Couleur : jaune pâle à reflets verts.
Nez : fin, élégant. Mélange agréable de cendres, de citron et de malt vert, il évoque un calisson d’Aix avec ses notes d’anis. Egalement fumé (saumon) et poivré, il devient médicinal (baume du tigre) à l’aération.
Bouche : ronde, suave. Elle se révèle printanière avec ses notes finement tourbées, réglissées et florales (muguet, lilas blanc). Agrémentée de chocolat noir, la tourbe se fait de plus en plus présente.
Finale : longue, précise. Le chocolat, la tourbe et la noix fraîche forment un triptyque très fondu. Après un détour par les agrumes, elle revient sur les notes anisées du nez, plus exactement sur le fenouil.
Ici la fumée prend le pouvoir et le degré plus important lui donne encore plus de charme, de profondeur et de complexité. Deux whiskies en un ici, ce qui devrait nous faire 3 litres au final !!!

Hedonism - vatted grain - 43%
Rares sont les single grain à posséder une palette aromatique et gustative aussi intense et nuancée que l'Hedonism élaboré par John Glaser. Hedonism de Compass Box a été élue meilleur whisky de grain du monde aux World Whiskies Awards 2008.
Couleur : jaune pâle.
Nez : exotique, il révèle de fines notes de vernis, de céréales (maïs), de vanille, puis s’ouvre sur les fleurs blanches et les fruits confits (poire).
Bouche : soyeuse et gourmande, elle dévoile d'onctueuses notes de beurre, de bonbon au caramel et de noix de coco.
Finale : longue, elle revient avec fraîcheur sur les céréales et le chêne
Une série limitée unique constituée de vieux et rares whiskies de grain issus de fûts de chênes américains en provenance des distilleries Cameronbridge et Cambus. Tous les whiskies ont entre 12 et 28 ans, la moyenne étant autour de 20 ans. Belle découverte là aussi.

Hedonism Maximus – vatted mgrain - 46%
Après avoir été l’un des premiers à créer un vatted grain (Hedonism), trait d’union parfait entre l’Ecosse et les Etats-Unis, John Glaser innove une nouvelle fois avec une version millésimée qui atteint des sommets en matière de whisky de grain. Un small batch qui résulte de l’assemblage de deux fûts de bourbon : millésime 1965 de la distillerie Invergordon et un vintage 1979 de la distillerie Carsebridge.
Couleur : jaune doré.
Nez : fin, racé. Présence de vernis et de térébenthine. Puis des notes crémeuses de vanille et de noix de coco transcendent son caractère acidulé. Evoque à ce stade un bourbon. Il évolue sur des notes d’herbes sèches, de thym, de pomme et d’épices.
Bouche : à la fois vive et gourmande (vanille bourbon, noix de coco), elle se révèle également riche et exubérante. Marquée par le poivre, les agrumes confits, le raisin et la pêche blanche, elle se développe sur la verveine et d’agréables notes mentholées.
Finale : longue et délicate à souhait, elle dévoile avec précision le miel d’acacia et le zeste de citron. Elle se prolonge sur des notes de cappuccino et de moka.

Orangerie - whisky infusion - 40%
Après deux années d’absence, Orangerie est enfin de retour. N’en voulons pas trop à John Glaser de nous avoir fait patienter aussi longtemps car le résultat est à la hauteur de nos attentes. Ne lui dites surtout pas qu’il s’agit d’une simple liqueur de whisky. Demandez-lui plutôt de vous parler de sa recette. Il se fera un plaisir de vous expliquer de A jusqu’à Z comment il a fait macérer des zestes d’oranges fraîches Navalino pelés à la main, de la casse d'Indonésie et des clous de girofle de Ceylan dans un assemblage de whiskies méticuleusement sélectionnés (malt des Highlands et grain des Lowlands).
Couleur : jaune dorée soutenue.
Nez : fin, subtil. L’orange s’exprime sous toutes ses formes : sucrée, sanguine, acidulée (bergamote), de marmelade, sans oublier les zestes. Mentholé, il révèle ensuite les plantes aromatiques (verveine, sauge), le citron vert et le foin coupé.
Bouche : ronde, ferme. Peu sucrée, elle est dans un premier temps laiteuse et confite (orange). A partir de maintenant le whisky prend l’ascendant. Elle se développe sur les épices (muscade, gingembre), l’orge maltée et sur des amers rafraîchissants.
Finale : longue, précise. Elle revient sur les plantes aromatiques (fenouil, verveine), la menthe et les épices (coriandre) avant de devenir exotique (passion, kiwi, banane) et fruitée (poire william). L’orge maltée appose sa signature.

Encore, encore, il ne manquait que le dessert de Pierre du restaurant Coté Vestiaire et la soirée frôlait la perfection. Remarquez, nous n’en étions quand même pas très loin.
Vous voilà plus qu’affûtés sur la gamme de John Glaser en attendant de découvrir ses nouvelles expériences, recherches et créations.
Un grand merci à Frédéric GRANGE de la maison du Whisky qui, malgré son petit coup de froid, nous a proposé un très bon moment de dégustation.

vendredi 13 février 2009

Soirée de 13 février 2009

LINKWOOD, 12 ans, embouteillage officiel, 43% vol
D'anciens documents d'accise indiquent que Peter Brown aurait commencé à distiller le whisky à Linkwood en 1824.
A sa mort en 1860, son fils William Brown prit les rennes de la distillerie pour une période d'une trentaine d'années au cours desquelles il réussit à bâtir une solide réputation pour la distillerie.

Dès l'origine, la distillerie Linkwood fut équipée d'alambics de grande taille. 
Entièrement rénovée en 1872, elle fut cotée en bourse en 1898 après que la famille Brown ait créé la société Linkwood-Glenlivet. 

A partir de 1902, Innes Cameron dirigea la distillerie jusqu'à sa mort en 1932.

Rachetée en 1936 par La D.C.L. (Distillers Company Ltd.), elle fut de nouveau rénovée en 1962 après avoir été fermé durant la seconde guerre mondiale et ensuite dirigée par Roderick Mackenzie qui exigea durant les 18 ans qu'il a passé à la tête de l'entreprise que rien ne soit changé, jusqu'aux toiles d'araignée qui devaient rester en place, de peur que cela n'affecte les arômes et le goût de son whisky.

Agrandie en 1971, elle tripla sa capacité de production. Malgré toutes ces transformations, la distillerie Linkwood a toujours su conserver son caractère traditionnel. 

Linkwood connut une courte période de fermeture entre 1985 et 1990. 

Pas plus de 1 à 2% de la production est vendue sous forme de single malt, le reste étant destiné aux blends de UDV, entre autres White Horse, Haig, Bell's et Dimple.
D’un caractère traditionnel, le single malt élaboré par Linkwood est considéré par les amateurs comme l’un des plus représentatif du Speyside.
Couleur : or pale
Nez : fermé à l’ouverture, peu expressif puis amende, noisette, fruit mûr, floral (miel) et beurré. Devient riche et huileux beaucoup plus complexe en deuxième dégustation.
Bouche : sensation de douceur, malté, vanille, floral, zeste d’orange et amende. Une piqûre salée équilibre bien le tout.
Finale : moyenne à longue, plaisante, épices du bois, noyau de cerise (sherry) et pleine de vigueur (plus sec que l’attaque)
Un whisky old school comme ils étaient décrits il y a une trentaine d’année. Certainement le plus complexe de la soirée malgré de premières impressions laissant sur notre fin. Un malt de caractère qui démontre toute la complexité du Speyside.

AMRUT, indian single malt, 46% vol
L’histoire de la distillerie Amrut est aussi vieille que l’histoire de l’indépendance de l’Inde elle-même.
Fondée en 1978, elle se situe à Bangalore, au centre de la partie sud du pays, dans le Jardin de l’Inde.
Située à 1000 mètres d’altitude, elle bénéficie d’un climat tempéré toute l’année.
Le whiskey est produit à partir d’orge malté indien cultivé au Pendjab et au Rajasthan. Les eaux de l’Himalaya coulent dans la rivière Sutlej et irriguent les terres.
La mythologie indienne nous dit que quand les dieux et les démons se sont affrontés en brassant l’océan avec la montagne sacrée Meru, une coupe d’or contenant l’élixir de vie a jailli. Cette phase s’appelle Amrut et a donné son nom à la distillerie.
Soigneusement distillé en petite quantité, il est vieilli en small batches (petits fûts) ayant contenu du bourbon et représente une goutte d’eau par rapport aux distilleries écossaises (5000 fûts pour 19 millions).
Nez : vanille, irish coffee, torréfaction, fruits jaunes assez mûrs. Certaines similitudes avec les whiskeys japonais.
Bouche : pèche, vanille, orange confite, beaucoup de rondeur pour ses 46% vol. Joli boisé, fruit rouge, poivre blanc et sensation pâtissière.
Finale : assez longue, sucrée / salée mais un peu marquée par le bois (amertume).
Difficilement identifiable à l’aveugle et comparé à certains malts du Speyside ou d’Irlande, cet Amrut ne laissera pas de souvenir extraordinaire à la plupart d’entre vous. Un peu facile pour certains, manquant de cachet pour d’autres, il faut quand même lui reconnaître d’être un single malt sans grand défaut, agréable et proposant quelque chose de différent.

ARDMORE, The Old Cask, Douglas Laig & Co Ltd, 50% vol
La distillerie a été fondée par William Teacher en 1897. 
La distillerie n'a pas changé de propriétaire au cours de son histoire, mais la société William Teacher & sons a été reprise par Allied Distillers, filiale de Allied Domecq. 

La distillerie Ardmore chauffe encore ses alambics, en forme d'oignons, au charbon, ce qui est très rare de nos jours.
Son single malt classique et équilibré fait preuve de plénitude et de douceur. Toujours très proche de la céréale, il possède une complexité florale et fruitée pleine de charme.
Le single malt Ardmore entre dans la composition de nombreux blends, en particulier le Teacher's Highland Cream.

La distillerie Ardmore est une des plus grandes et des plus modernes distilleries d'Ecosse, et produit annuellement plus de 3.000.000 de litres.

Jusqu'à la fin des années 1970, Ardmore produisait son propre malt. De nos jours, la distillerie s'approvisionne auprès de sociétés spécialisées.
La distillerie stocke environ 1000 tonnes d'orge maltée, et le “mash ton” d'un diamètre de 25 pieds permet de brasser 12 tonnes de malt à la fois.

La distillerie possède sa propre tonnellerie.
 Les 8 alambics ont chacun une capacité de 15.000 litres.

La distillerie se situe sur la bordure Est de la région Speyside, entre la rivière Bogie, la forêt de Clashindarroch et les premiers contreforts des monts Grampians.

Le malt d'Ardmore entre dans la composition du blend Teachers.
Couleur : jaune paille / vin blanc
Nez : Tout d’abord fermé, sec, terreux et austère. Il s’ouvre et devient droit, frais, menthe, anis,  herbe fraîche coupée, chlorophylle  et fumée froide.
Bouche : nerveux et frais pour 50% vol., joliment fruité (agrume), noix fraîche, épices (muscade, girofle et badiane) et finement fumé.
Finale : moyenne, cuir, tanins, noyau, végétal (menthe) et fumée / tourbée.
Pas d’une grande complexité mais droit et élégant, ce Speyside atypique conserve le caractère rustique des singles malts d’après guerre. Cette édition ravira les amateurs d’Islay et plaira aux amateurs de whiskies tourbés mais pas marin.

vendredi 19 septembre 2008

Soirée du 19 Septembre 2008: ''Tendido Sol''

Si tout le monde n’était pas encore convaincu des liens étroits entre l’Ecosse et l’Espagne, le repas chez Tendido Sol aura fini par les raisonner.
Le temps aura été clément avec nous puisque c’est dans le patio découvert que nous avons pu profiter de la soirée.

APÉRITIF
Après un « faux départ »au bar autour d’un verre de rosé et d’une assiette de pata negra, la dégustation a réellement commencé avec le Platte Valley - Corn Whiskey et les croustillants de girolles.
Contrairement au Bourbon, ce corn whiskey à plus de 80% de maïs n’a pas été vieilli en fût neuf.
Couleur : jaune pâle à reflets verts.
Nez : frais, mentholé. Epicé (poivre, noix muscade). Révèle la douceur du maïs et de fines notes vanillées.
Bouche : grasse, onctueuse. Confirme le nez. Veloutée, fruits compotés (poire, prune). Végétal (épi de maïs).
Finale : crémeuse. Elle évolue avec délicatesse sur le maïs, la vanille et la noix de pécan.
Il faut reconnaître que ce n’est pas tous les jours qu’on a l’occasion de déguster un corn-whiskey et l’associer à un met nous a semblé être un premier challenge intéressant.
Le croustillant de girolle au beurre, la sauce vanille et café ont parfaitement répondu à la douceur légèrement épicée du Platte Valley.
A défaut de reproduire cet accord, il est ressorti de façon quasi unanime qu’il sera une excellente surprise à faire découvrir à l’apéritif.

ENTRÉE
Springbank 10 ans - Campeltown et Tartare de morue, chips de chorizo, crème fouettée au whisky.
Depuis sa création en 1828, la distillerie est toujours restée la propriété de la même famille et à cette époque il y avait une trentaine de distilleries sur l’île pour 1969 habitants.
Produisant des malts très tourbés à ses débuts, c’est au milieu du XIX siècle qu’elle fût une des premières de la région à sécher en partie son malt au feu de charbon. On peut noter qu’elle est une des dernières à produire 100% de son malt et que les fermentations sont très lentes (70h).
La distillerie produit 3 malts différents: Le premier porte le nom de Springbank, et est distillé deux fois et demie... Le malt est séché durant 6 heures au-dessus d'un feu de tourbe, et ensuite durant 24 heures à l'air chaud. Le résultat en est un single malt légèrement tourbé.
Pour la distillation, le wash est distillé une première fois, et le corps de la distillation est séparé de la tête et des queues de distillation.
Ensuite, une partie des low wines ainsi obtenus est redistillée, avec ici encore séparation des têtes et queues de distillation.
Les feints ainsi obtenus sont ensuite distillés dans le spirit still avec les low wines de la première distillation.
La maturation se fait dans divers types de fûts: bourbon, refill, rhum madeire ou sherry.
Le second malt produit par la distillerie s'appelle Longrow, du nom d'une ancienne distillerie voisine fermée en 1896, et dont le dernier chai resté debout abrite la chaîne d'embouteillage de Springbank. Ce malt est séché entièrement au-dessus d'un feu de tourbe, et le goût de ce whisky est donc nettement plus prononcé. Le Longrow subit une double distillation classique.
A l'heure actuelle, le Longrow est commercialisé dans sa version de 10 ans d'âge, mais une version 15 ans est prévue dès que le malt aura atteint cet âge. La production de Longrow a redébuté en 1987. Le Longrow est exclusivement porté à maturité dans des fûts de type “refill” (réutilisés).
En 1996, la distillerie a commencé la distillation d'un troisième malt dont la première version a été commercialisée sous la forme d'un 8 ans, et qui s'appelle Hazelburn, du nom d'une autre distillerie qui ferma définitivement ses portes en 1925. Le malt destiné à la production du Hazelburn est exclusivement séché à l'air chaud et leur maturation se fait à 100% dans des fûts de Bourbon.
Environ 70% de la production est commercialisée sous forme de single malt, le reste entrant dans la composition des assemblages Campbeltown Loch et Mitchell 12 ans.
Couleur : or pale
Nez : complexe, charmeur, fruité (prune, agrume, pomme), une pointe de vanille et de noix de coco (typique de Springbank). Légèrement végétal et médicinal à l’ouverture.
Bouche : attaque vive, épicée, directe, un peu sur le caoutchouc puis la céréale (malt vert) et enfin l’iode et un coté salé.
Finale : longue et salée, douce amère, florale pour certains, huileuse et soulignée par un joli boisé discret (chêne).
Chaque élément de cette entrée semblait avoir trouver son doublon dans le whisky : morue - iode, chorizo - épices douces, crème fouettée – finale douce et huileuse.
Une gorgée de l’un appelait une bouchée de l’autre, la fraîcheur semblant être le facteur commun entre les deux .

PLAT
Benriach 12 ans - rhum finish - Speyside et papillote de chou vert, poitrine fumée et foie gras.
La distillerie Benriach fut créée en 1898 par John Duff, après avoir créé un an plus tôt la distillerie Longmorn et créé la société The Longmorn Distilleries Company Ltd. John Duff fut contraint de se séparer de ses deux distilleries deux ans après leur création.
Les nouveaux propriétaires décidèrent de fermer l’une des deux. Leur choix tomba sur Benriach. La distillerie cessa de produire durant 65 ans, mais les surfaces de maltage restèrent en activité.
Longmorn se fournissait ici pour sa production de malt. Les besoins en malt de qualité de la région de Speyside poussèrent à la réouverture de la distillerie Benriach en 1965, après une rénovation complète, parce qu’elle avait été entièrement démantelée lors de sa fermeture en 1900.
La compagnie fut engloutie par Seagram Distillers en 1978. Seagram, également propriétaire de Strathisla procéda au doublement du nombre d’alambics en 1985 mais mit la distillerie en sommeil en 1999 à cause de la crise en Asie qui avait une influence négative sur les ventes de whisky dans cette région du monde.
Les distilleries du groupe "The Chivas and Glenlivet Group" appartenant à Seagram ont été rachetées par le groupe Pernod-Ricard le 19 décembre 2001.
Le malt est en grande partie utilisé dans les blends du groupe, à savoir Chivas Regal, 100 pipers, Queen Anne et Something Special.
Le groupe Pernod-Ricard a revendu la distillerie en mai 2004 à un groupe Sud-Africain, Intra Trading, dirigé par Billy Walker, ancien directeur de Burn Stewart pour 5,4 millions de livres.
Nez : rond, pas très complexe mais fin et nettement marqué par la tourbe, le rhum, fraîcheur herbacée, haddock fumé et la cendre.
Bouche : attaque vive et nette, sèche (feuille et terre), les cotés tourbés et floraux du milieu de bouche laisse la place à un peu de bois sur le retour.
Finale : longue, sur la tourbe et le rhum, rugueuse et atypique.
Sans doute l’accord le plus difficile à réaliser mais que certains ont réellement apprécié. Il est vrai que le gras du plat faisait comme une barrière entre les arômes du whisky d’un coté et ceux de la papillote de l’autre. Un poisson aurait peut-être plus approprié mais la viande faisait partie des rares exigences demandées au chef.
Un dram parfait pour entretenir la polémique sur les affinages et les lieux de provenance (un speyside assez tourbé), certainement très différent comme style, mais quand même typé whisky.

DESSERT
The Hot Irishman et trio de biscuits et son coulis de chocolat amer.
Nous avions découvert Irishman lors de notre soirée de mars sur les whiskeys irlandais et je ne reviendrais donc pas sur la distillerie.
La particularité de ce produit réside dans le fait qu’Hot Irishman est la conjugaison des meilleurs ingrédients pour l'Irish Coffee : de l'Irish Whiskey, du café colombien très torréfié et du sucre brun irlandais.
Il a suffit de verser de l'eau bouillante et de rajouter ensuite un peu de crème pour obtenir un Irish Coffee.
Chaque biscuit avait une saveur différente (pomme, ananas et gingembre) et rappelait ainsi les fruits jaunes que l’on retrouve dans une bouche de whiskey, le coulis de fruit rouge quant à lui nous renvoyait au nez d’un redbreast. Enfin le chocolat amer rehaussait le coté torréfaction et la crème enrobait tout ceci pour nous laisser une agréable saveur de gourmandise.

DIGESTIF
Suntory royal 12 ans - Nikka - Japon et Roméo et Juliette
Une fois encore nous sommes allés faire un tour du coté du soleil levant pour finir la soirée. Ce blend n’est malheureusement plus disponible et nous aurons eu la chance de pouvoir associer les essences japonaises avec les volutes cubaines.
Couleur : vieil or
Nez : fin, onctueux. Camaïeu de tons dorés, fauves et rougeoyants. Cette sensation est renforcée par des notes de sous-bois, de champignons et de feuilles séchées. Il se développe sur de beaux amers d'agrumes. A noter une petite pointe de vernis agrémentée d'épices.
Bouche : à la fois vive et onctueuse. Les agrumes sont là en premier plan. Ils laissent place à des notes de miel, de bruyère et de fruits confits (poire, pomme). Salé, le milieu de bouche est également marqué par la réglisse et les épices douces (gingembre, cannelle, muscade). Elle se développe sur le cuir, le toffee et la crème de marron.
Finale : longue, gourmande. Des notes de tabac blond et de lichen soulignent son caractère végétal. Elle alterne ensuite entre le miel, la bergamote, la confiture de coing et les fruits secs (amande, noix, datte)