Cette soirée restera, sans exagérer, une de nos plus belle réunion depuis le début du club.
A travers ce type de dégustation, nous avons pu cerner le travail d’une maison et même si les produits sont tous bien différents cela donne une idée du style que recherche le whisky-maker.

Asyla - blended scotch whisky - 40%
Ce whisky résulte de l'assemblage de trois single malts du Speyside (Linkwood, Glen Elgin et Cragganmore) et de deux whiskies de grain provenant de la distillerie Cambus (fermée en 1993) et Cameronbridge.
Couleur : jaune pâle à reflets verts.
Nez : frais et parfumé, il est marqué par l'onctuosité de la céréale (orge maltée) et par la fraîcheur des agrumes (orange). Il révèle, après aération, de fines notes herbacées (foin coupé).
Bouche : équilibrée et mentholée, elle évolue sur les fruits (melon), les fleurs (anis, menthe) et sur l'amande verte. Généreuse, elle se développe sur la poire, les fruits rouges et sur d'élégantes notes vanillées.
Finale : tendre et fraîche, elle révèle le caractère harmonieux de l'assemblage, conjuguant complexité et richesse d'expression.
Parfaite mise en bouche qui tire de son mode de vieillissement en fûts de chêne américain de premier remplissage, la quintessence de son bouquet.
A noter que si ce blend est aussi agréable c’est aussi parce qu’il est composé de 50% de whiskies de malt.

Oak Cross – vatted malt – 43%
Oak Cross illustre le style fruité, légèrement boisé et épicé des malts typiques des Highlands. Elaboré à partir de single malt sélectionnés au sein des distilleries des Highlands du nord, dont Teaninich, Oak Cross hérite des malts en provenance de Brora son caractère fruité et de ceux de Caron son poids et sa profondeur. Ces malts sont âgés de 10 à 12 ans.
Couleur : or vif à reflets verts.
Nez : fin, subtil. Ses notes de pomme verte et d'herbe fraîchement coupée évoluent sur la bouillie d'orge et l'anis étoilée. Il se développe sur les fruits secs (pomme) et la cannelle. Evoque le parfum vétiver.
Bouche : ronde, pleine, elle dévoile des notes d'agrumes (orange, clémentine), d'épices (poivre) et de fleurs (lys). Elle est rehaussée d'une pointe de sel et de noix verte.
Finale : longue, gourmande. La poire mûre côtoie les fruits rouges (cassis, cerise griotte). Elle évolue sur l'amande verte et les herbes aromatiques (thym, sarriette). La rétro-olfaction revient en force sur l'orge maltée.
Le malt reprend le pouvoir avec une dominance de fruit et toujours le même plaisir et cette fraîcheur qui vous invite à reprendre la dégustation.

The Spice Tree – vatted malt – 46%
Issu d’un premier élevage en fûts de chêne américain de premier et de second remplissage, The Spice Tree est vieilli une seconde fois dans des fûts montés de têtes fortement chauffées, construites à partir de chênes français des Vosges.
Couleur : or vif à reflets vieil or.
Nez : à la fois riche et profond. Tout en largeur, presque en rondeur, avec ses notes de céréales (malt vert) et de fruits mûrs (pomme, poire). Tout en profondeur avec sa succession d’épices (cannelle, muscade), de fruits secs (amande, abricot) et d’agrumes confits (pamplemousse, citron) enrobés de bois précieux et de cire d’abeille.
Bouche : équilibrée, enveloppante. Sa douceur fruitée (mirabelle, prune) est perceptible. Oubliée, la relative sècheresse du nez, tout au plus, l’amertume de l’orge maltée montre-t-elle le bout de son nez. De toute façon, mis à part la touche de vert qu’elle apporte, elle n’a aucune influence. La vanille et quelques fruits exotiques (ananas, mangue, goyave) accentuent son caractère onctueux.
Finale : longue, ferme. Les épices (le clou de girofle en plus) sont complètement fondues aux fines notes de chêne, de vanille et de noix fraîche.
Les 4 ans d’absences, suite à la polémique de la première version (utilisation de copeaux) n’auront en rien enlevé au caractère épicé de ce dram. Première surprise de la soirée, même si nous l’avions déjà goûté, car je n’ai pas le souvenir d’avoir jamais bu un whisky aussi épicé.

The Peat Monster – vatted malt – 46%
Ce Vatted malt non filtré à froid résulte de l'assemblage de quelques fûts des distilleries Ardmore (Speyside) le plus fumé des single malts du Speyside et Caol Ila (île d'Islay). Un monstre qui se prend pour un dragon.
Couleur : jaune paille à reflets verts.
Nez : vif et concentré. Le premier nez phénolique est également marqué par les agrumes et les fruits (poire). Il évolue sur la fumée. Le caractère marin (œufs de poisson) du Caol Ila devient de plus en plus présent. La dilution révèle des notes d'amande douce.
Bouche : puissante. Attaque franche sur le bâton de réglisse. Elle se développe sur l'âcreté de la tourbe et les épices (poivre).
Finale : longue et persistante sur des notes de cendre froide.
Qui a dit que les malts d’Islay ne pouvaient pas se marier avec d’autres ? Ce Peat Monster en est un bon exemple. Sans être aussi « monstrueux » que son nom le laisse entendre, il permet aux novices d’avoir une première approche accessible des whiskies d’Islay.

The Peat Monster Reserve – vatted malt – 48.9%
Pour le 5ème anniversaire de son malt le plus réputé, John Glaser, fondateur de Compass Box, a imaginé une version encore plus tourbée, plus fumée, plus riche et plus forte en degré.
Et pour ne pas faire dans la demi-mesure, The Peat Monster Reserve est exclusivement disponible en magnum de 150 cl. Comme toujours avec les créations de John Glaser, l’équilibre de ce nouveau Peat Monster frôle la perfection.
A l’instar des gens du sud, il sort vite de sa réserve et se révèle particulièrement volubile. Longtemps après, il évoque un champ d’orge ondulant sous le souffle d’une brise légère chargée d’embruns et de sel. Mais qui se cache donc derrière ce « monstre de tourbe » ?
Couleur : jaune pâle à reflets verts.
Nez : fin, élégant. Mélange agréable de cendres, de citron et de malt vert, il évoque un calisson d’Aix avec ses notes d’anis. Egalement fumé (saumon) et poivré, il devient médicinal (baume du tigre) à l’aération.
Bouche : ronde, suave. Elle se révèle printanière avec ses notes finement tourbées, réglissées et florales (muguet, lilas blanc). Agrémentée de chocolat noir, la tourbe se fait de plus en plus présente.
Finale : longue, précise. Le chocolat, la tourbe et la noix fraîche forment un triptyque très fondu. Après un détour par les agrumes, elle revient sur les notes anisées du nez, plus exactement sur le fenouil.
Ici la fumée prend le pouvoir et le degré plus important lui donne encore plus de charme, de profondeur et de complexité. Deux whiskies en un ici, ce qui devrait nous faire 3 litres au final !!!

Hedonism - vatted grain - 43%
Rares sont les single grain à posséder une palette aromatique et gustative aussi intense et nuancée que l'Hedonism élaboré par John Glaser. Hedonism de Compass Box a été élue meilleur whisky de grain du monde aux World Whiskies Awards 2008.
Couleur : jaune pâle.
Nez : exotique, il révèle de fines notes de vernis, de céréales (maïs), de vanille, puis s’ouvre sur les fleurs blanches et les fruits confits (poire).
Bouche : soyeuse et gourmande, elle dévoile d'onctueuses notes de beurre, de bonbon au caramel et de noix de coco.
Finale : longue, elle revient avec fraîcheur sur les céréales et le chêne
Une série limitée unique constituée de vieux et rares whiskies de grain issus de fûts de chênes américains en provenance des distilleries Cameronbridge et Cambus. Tous les whiskies ont entre 12 et 28 ans, la moyenne étant autour de 20 ans. Belle découverte là aussi.

Hedonism Maximus – vatted mgrain - 46%
Après avoir été l’un des premiers à créer un vatted grain (Hedonism), trait d’union parfait entre l’Ecosse et les Etats-Unis, John Glaser innove une nouvelle fois avec une version millésimée qui atteint des sommets en matière de whisky de grain. Un small batch qui résulte de l’assemblage de deux fûts de bourbon : millésime 1965 de la distillerie Invergordon et un vintage 1979 de la distillerie Carsebridge.
Couleur : jaune doré.
Nez : fin, racé. Présence de vernis et de térébenthine. Puis des notes crémeuses de vanille et de noix de coco transcendent son caractère acidulé. Evoque à ce stade un bourbon. Il évolue sur des notes d’herbes sèches, de thym, de pomme et d’épices.
Bouche : à la fois vive et gourmande (vanille bourbon, noix de coco), elle se révèle également riche et exubérante. Marquée par le poivre, les agrumes confits, le raisin et la pêche blanche, elle se développe sur la verveine et d’agréables notes mentholées.
Finale : longue et délicate à souhait, elle dévoile avec précision le miel d’acacia et le zeste de citron. Elle se prolonge sur des notes de cappuccino et de moka.

Orangerie - whisky infusion - 40%
Après deux années d’absence, Orangerie est enfin de retour. N’en voulons pas trop à John Glaser de nous avoir fait patienter aussi longtemps car le résultat est à la hauteur de nos attentes. Ne lui dites surtout pas qu’il s’agit d’une simple liqueur de whisky. Demandez-lui plutôt de vous parler de sa recette. Il se fera un plaisir de vous expliquer de A jusqu’à Z comment il a fait macérer des zestes d’oranges fraîches Navalino pelés à la main, de la casse d'Indonésie et des clous de girofle de Ceylan dans un assemblage de whiskies méticuleusement sélectionnés (malt des Highlands et grain des Lowlands).
Couleur : jaune dorée soutenue.
Nez : fin, subtil. L’orange s’exprime sous toutes ses formes : sucrée, sanguine, acidulée (bergamote), de marmelade, sans oublier les zestes. Mentholé, il révèle ensuite les plantes aromatiques (verveine, sauge), le citron vert et le foin coupé.
Bouche : ronde, ferme. Peu sucrée, elle est dans un premier temps laiteuse et confite (orange). A partir de maintenant le whisky prend l’ascendant. Elle se développe sur les épices (muscade, gingembre), l’orge maltée et sur des amers rafraîchissants.
Finale : longue, précise. Elle revient sur les plantes aromatiques (fenouil, verveine), la menthe et les épices (coriandre) avant de devenir exotique (passion, kiwi, banane) et fruitée (poire william). L’orge maltée appose sa signature.

Encore, encore, il ne manquait que le dessert de Pierre du restaurant Coté Vestiaire et la soirée frôlait la perfection. Remarquez, nous n’en étions quand même pas très loin.
Vous voilà plus qu’affûtés sur la gamme de John Glaser en attendant de découvrir ses nouvelles expériences, recherches et créations.
Un grand merci à Frédéric GRANGE de la maison du Whisky qui, malgré son petit coup de froid, nous a proposé un très bon moment de dégustation.