MADELEINE A L’OLIVE NOIRE – TARTINE DE  MAQUERAUX
GREENORE 8 ANS  -  43% vol

Irlandais dans l'âme, John Teeling a eu à coeur, dès ses études à Harvard dans les années 1970, de rendre son indépendance au whiskey de son île natale.
Il n'existait plus en effet qu'un seul producteur pour toutes les marques existantes, devenu par la suite propriété d'un groupe français. En 1987, il rachète à l'Etat une ancienne distillerie d'alcool, située dans la péninsule de Cooley, sur la côte est. Il en renouvelle totalement les équipements, et envisage dès le début d'élaborer des whiskeys tourbés tels qu'ils étaient à l'origine.
Après le tourbé Connemara, ou les Tyrconnell maturés en fût de xérès, de porto ou de madère, Cooley étonne à nouveau la planète whisky avec ce whiskey original.
Et ce n’est pas seulement l’Irlande qui est surprise par cette innovation complètement inédite dans l’histoire de l’île, mais bien tous les intervenants du marché.

Car, il faut bien le reconnaître, les single grain, rarement commercialisés d’ailleurs, n’ont jamais vraiment eu une grande cote chez les amateurs de whisky. Légers, peu vieillis, ils sont le plus souvent ignorés, parfois à tort.
En distillant de façon très orthodoxe (mais uniquement du maïs), et en effectuant un vieillissement uniquement en fût de bourbon, Cooley témoigne avec brio qu’un whisky élaboré uniquement à base de grain peut développer une réelle complexité aromatique.

Couleur : jaune doré, brillant.
Nez : Doux et onctueux, avec une dominante de céréales, du pain brioché et un peu d'épices en arrière-plan.
Bouche : De la rondeur, mais aussi de la vivacité. Cire d'abeille, résine de pin se mêlent avec harmonie aux notes de céréales. Le caractère apéritif laisse place à une structure plus riche, assez onctueuse, mais bien relevée par du poivre noir et du gingembre. Une belle ampleur que ne laissait deviner l'attaque.
Finale : D'une grande amplitude, elle évolue sur les fruits secs (amande, noisette, raisin de Corinthe), avec une réelle persistance apéritive.
Malgré les premières réticences de certains (Irlande, grain) cette mise en bouche est plutôt agréable et fonctionne à merveille avec les amuses bouches. La texture du maquereau et de la madeleine aux olives vient renforcer la douceur et  la rondeur de cet irlandais qui conviendra aussi aux personnes néophytes.

TARTARE DE SAUMON AUX SAVEURS D’ASIE
TALISKER  57° NORTH - 57% vol

Robert Louis Stevenson, le célèbre écrivain, lui rendit hommage dans un de ses poèmes : « La Reine des boissons, telle que je la conçois, Talisker, Islay ou Glenlivet ».
Située sur les rives du loch Harport, la distillerie Talisker fut créée par les frères Mac Askill.
La distillerie pratiqua une triple distillation jusqu'en 1928.
Elle fut fermée durant la seconde guerre mondiale et suite à un incendie qui détruisit la salle des alambics en 1960.
La distillerie fut reconstruite et prête à fonctionner dès 1962.
Depuis les dernières transformations en 1997, la plus grande partie du malt est stockée dans des chais sur le continent, et transportés par camion-citerne depuis la distillerie.

Talisker appartient à la célèbre gamme des « Classic Malts » lancée en 1988.
En dehors des ventes sous forme de single malt, Talisker est utilisé dans les blends de Johnnie Walker et White Horse.
Talisker 57° North est une version fort degré de ce single malt des îles très apprécié des amateurs. Une belle façon de rendre hommage au savoir-faire de cette distillerie située à la même latitude que l'Alaska !

Couleur : ambre à reflets ambrés.
Nez : notes d'allumettes, de cendre et de fumée, agrumes (citron), algues marines et déjà le poivre. L’alcool n’est pas trop gênant mais l’on sent un whisky puissant.
Bouche : à son degré d’alcool d’origine, l’attaque aussi explosive que brûlante, intense et fumée, évoque une puissance volcanique brute. On garde toutefois un coté crémeux qui le rend accessible immédiatement.  Un trait d’eau tarit progressivement le flot de lave en fusion, cédant la place à des notes suaves et toujours ce poivre qui domine.
Finale : longue, poivrée et très Talisker. C’est comme si on avait deux whiskies pour le prix d’un.
Tant de saveurs et de plaisir pourquoi s’en plaindre ?
L’idée de servir ce tartare enfermé sous un verre plein de fumée colle bien avec l’impression de volcan qu’évoque ce Talisker. La petite salade d’herbes fraîches apporte de la fraîcheur, trop de coriandre pour certains,  les agrumes et les épices de la marinade soulignent la richesse de ce colosse planté face à la mer.

ROSSIGNI DE JOUE DE BŒUF A LA REGLISSE
BOWMORE 12 ANS – ENIGMA – 40% vol - 1 LITRE

Bowmore est une des plus grandes et la plus ancienne des distilleries d’Islay.
Elle fut fondée en 1779 dans la capitale de l'île, Bowmore par David Simpson.
Depuis 1994, la firme Morisson Bowmore est la propriété à 100% du japonais Suntory.
Le village est situé dans une crique nommée Loch Indaal.
La distillerie se situe tant du point de vue géographique que de celui du goût de sa production entre le Sud de l'île produisant des malts intenses (Ardbeg, Lagavulin et Laphroaig, Port Ellen) et le Nord produisant des malts plus doux (Caol Ila, Bruichladdich, Bunnahabbain).

La caractéristique générale des whiskies produits par la distillerie est une grande complexité.
La rivière Laggan charrie des eaux tourbeuses.
Cependant la nature de la tourbe dans la région de Bowmore est différente de celle des autres régions. La tourbe est nettement plus sablonneuse.

Le whisky est en grande partie commercialisé sous forme de single malt, mais entre également dans la composition d'un certain nombre de blends, tels que King Pride, Clan Roy, Rob Roy, Black Bottle et Islay Legend.

Couleur : vieil or
Nez : fumé, iode (algues), fruité (fruits jaunes et fruits très mûrs). Il se dégage également une pointe animale et fumée relié à un soupçon floral (fleurs mauves).
Bouche : une attaque assez franche malgré les 40% vol, la bouche est gourmande et possède un bel équilibre. Notes de tourbe (cendre), de sel, d'agrumes (zest de citron) et la réglisse qui entre en scène.
Finale : longue, ronde, douce. On évolue sur des notes salines et florales (violette).
Pour l’accord sur la viande, il aura donc fallu attendre la troisième tentative pour enfin goûter quelque chose qui fonctionne vraiment bien.
Qualité et finesse de la joue de bœuf, puissance et onctuosité de la sauce, la réglisse est le trait d’union entre le whisky et le plat.
Le foie gras enrobe le tout et les frites de parmesan apporte le croustillant qui donne de la hauteur à ce plat qui pourrait facilement sombrer dans la mollesse.
Belle surprise pour ce Bowmore qui est un ton  au dessus du traditionnel 12 ans. Notez que la tourbe n’est pas très présente pour un Islay et que l’élevage en fût de sherry lui confère une belle rondeur et des notes boisées tout en finesse.

BALADE SUR L’ORANGE ET LE  CHOCOLAT
ORANGERIE – COMPASS BOX – 40% vol

Après deux années d’absence, Orangerie est enfin de retour. N’en voulons pas trop à John Glaser de nous avoir fait patienter aussi longtemps car le résultat est à la hauteur de nos attentes.
Une simple liqueur, sûrement pas, il a fait macérer des zestes d’oranges fraîches Navalino pelés à la main, de la casse d'Indonésie et des clous de girofle de Ceylan dans un assemblage de whiskies méticuleusement sélectionnés (malt des Highlands et grain des Lowlands).

Couleur : jaune dorée soutenue.
Nez : fin, subtil. L’orange s’exprime sous toutes ses formes : sucrée, sanguine, acidulée (bergamote), de marmelade, sans oublier les zestes. Mentholé, il révèle ensuite les plantes aromatiques (verveine, sauge), le citron vert et le foin coupé.
Bouche : ronde, ferme. Peu sucrée, elle est dans un premier temps laiteuse et confite (orange). A partir de maintenant le whisky prend l’ascendant. Elle se développe sur les épices (muscade, gingembre), l’orge maltée et sur des amers rafraîchissants.
Finale : longue, précise. Elle revient sur les plantes aromatiques (fenouil, verveine), la menthe et les épices (coriandre) avant de devenir exotique (passion, kiwi, banane) et fruitée (poire william). L’orge maltée appose sa signature.
Une expérience qui en a laissé plus d’un surpris, voir étonné. Le dessert a été imaginé autour d’Orangerie et on peut dire que c’est plutôt réussi. Les différents composants ont été dosés avec précision, ce qui donne un résultat final tout en caractère et pas dans l’exagération.

CAFE
THE CASK OF YAMAZAKI – 1993 – 62% vol

La distillerie Yamazaki  est située au Japon, au sud de l'île d'Honshu. Créée en 1923  par Shinjirō Torii, elle fut la première distillerie de whisky du Japon. Elle appartient maintenant au groupe Suntory.
Outre Yamazaki, Suntory possède aussi les distilleries écossaises d’Auchentoshan, Bowmore et Glen Garioch.
Après deux versions hors du commun, le Yamazaki 1986 The Owner’s Cask et le fabuleux Vintage 1980, place au Vintage 1993 Heavily Peated. Oubliée donc l’influence du chêne ou du sherry. Cap toutes voiles dehors sur la tourbe, la fumée et le camphre.

Couleur : jaune dorée à reflets verts.
Nez : puissant et harmonieux. La tourbe et la fumée sont intimement imbriquées. Finement réglissé, il évolue sur les fruits exotiques et les fleurs (jasmin ou  jacinthe). Des notes herbacées (patchouli, aneth) et végétales (champignon). Pointe de sel.
Bouche : riche, dense. Toujours la même douceur harmonieuse avec une fine âcreté de fumée de tourbe. Son caractère champêtre (terre, rose) et fruité (poire, ananas, lychee) s’affirme. Sans concession, elle repart avec fermeté vers des contrées fumées, tourbées et salées.
Finale : longue, fine. D’onctueuses notes de vanille côtoient désormais des fruits mûrs (pomme, poire). Epicée (muscade, badiane), elle est également florale (vétiver). Note d’agave en rétro olfaction.
Cette dernière bouteille confirme tout le bien que l’on pensait déjà des whiskies japonais. Le fait d’avoir accès à des singles malt d’âge mûr va rendre les dégustations comparatives plus intéressantes et peut-être faire changer les septiques sur les produits du soleil levant.

Encore un grand merci à Aimé et Pierre de Côté Vestiaire qui ont relevé le challenge et nous ont proposé une belle soirée.   
  On se retrouve en septembre.
  Frédérique et Pierre-Alexandre